Qu’est-ce qu’une néophyte invasive ?
Les néophytes invasives sont considérées comme seconde cause de perte de biodiversité dans le monde après la disparition des milieux naturels. Libérées de leurs prédateurs et parasites naturels restés au pays, elles deviennent en effet très concurrentielles et forment par endroits de véritables monocultures. Ces plantes évincent malheureusement les espèces de la flore et de la faune indigènes et sont particulièrement néfastes lorsqu’elles se retrouvent dans des biotopes menacés et sensibles comme les marais et les prairies maigres.
Si de telles invasions sont facilement repérables, surtout en fin d’été lorsque la plupart de ces plantes sont en fleurs, certaines de ces plantes ont aussi des effets pervers plus difficiles à repérer, comme le robinier qui enrichit peu à peu le sol des prairies maigres du fait d’une symbiose qu’il réalise avec des bactéries fixatrices d’azote présentes dans des nodosités au niveau de ses racines. De ce fait, la flore de la prairie se banalise peu à peu sans qu’on ne le remarque, à moins d’effectuer un suivi précis de la végétation du site.
Techniques de lutte contre les néophytes
En dehors des moyens de lutte traditionnelle contre les néophytes comme l’arrachage, la fauche et le cerclage des méthodes novatrices ont été enseignées comme la technique de l’ail et du gros sel appliquée aux souches de robinier. Cette méthode inspirée de la permaculture consiste à forer deux trous d’environ 2 cm de large pour 20 cm de profondeur dans la souche d’un arbre à dévitaliser. On remplit alors chaque trou de quelques gousses d’ail, de la sciure sur 1-2 cm, puis on complète avec du gros sel jusqu’à être presque à ras du sommet. Le tout est finalement isolé de la pluie à l’aide d’un bouchon de cire fondue au chalumeau.
Le fonctionnement de cette méthode est un peu mystérieux : il semble que la germination de l’ail entraine une dévitalisation de la souche. Quant au sel, il provoquerait un asséchement du bois. En tout cas, cette méthode s’avère efficace et bien pratique quand de grandes néophytes invasives ligneuses comme le robinier se trouvent en bordure de chemin ou de route. Dans ces cas-là, il serait en effet dangereux de passer par un cerclage qui entraine l’assèchement du tronc et des branches, donc un risque de chute de ceux-ci sur des passants ou des voitures.
Parmi les autres techniques testées se trouve le labourage des zones totalement envahies de solidages. Cette méthode, déjà mise en oeuvre en France et dans la Broye vaudoise, devrait permettre de réduire drastiquement la densité de cette plante. Elle consiste à labourer la zone sur 20-30 cm de profondeur en plein été, deux années de suite, et à laisser les rhizomes (tiges souterraines des solidages) sécher à la surface.
Appliquée pour la 2ème année sur le site d’étude de la Réverule, elle semble donner de bons résultats. Cette année, la moitié de chaque surface labourée sera de plus ensemencée avec un mélange dense pauvre en espèces afin de tester la synergie entre labourage et concurrence végétale. Les résultats pourront être constatés lors des prochains relevés prévus l’année prochaine.
Pour aller plus loin
Guide de terrain du canton de Vaud : décrit les néophytes envahissantes et propose des techniques de lutte.
Listes et fiches sur les néophytes éditées par Info Flora.
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